III) Regard des écrivains sur le monde

A) Lien entre les romans et notre époque contemporaine

Certains éléments présents dans les romans ne sont qu’idées fictives inventées par les auteurs ou inspirations des évènements se déroulant ou s’étant déroulés dans le monde. Cormac McCarthy comme Aldous Huxley s’inspirent de leur époque afin de penser à un potentiel avenir, à des évènements, des situations pouvant se produire.

Le Meilleur des mondesde Huxley est un avertissement sur les dérives de la société moderne. L'auteur a fondé son roman sur la prospective scientifique et, aujourd'hui, il est considéré comme un grand visionnaire ayant montré les dangers de l'évolution rapide du monde. On se rend compte que la société présentée dans le livre, sur certains points, annonce la nôtre.

En effet, dans Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley parle d'une drogue. Dans notre société, certaines personnes se mettent à boire ou à se droguer pour oublier leur malheur ou l'atténuer. Dans Le Meilleur des mondes, on assiste à une banalisation totale de la drogue. L'Etat a trouvé la drogue parfaite, le soma.

Cette substance rendrait les gens «heureux lorsqu'elle est consommée à petite dose, déclencherait des visions à moyenne dose et endormirait les gens à forte dose» comme il le mentionne lors de son interview (vidéo plus bas, à 2,42min). Ce serait une drogue parfaite, sans effet secondaire, distribuée par l'administration. Cette drogue empêche les habitants d'être malheureux. Elle agit sur un mode anxiolytique. Aldoux Huxley exprime sa vision sur cette substance. Il pense qu'un tel médicament pourrait potentiellement exister dans les années à venir et il avait vu juste !

  Le GHB (acide gammahydroxybutyrique), synthétisé pour la première fois en 1874 par un chimiste russe ne rencontre aucune application scientifique ni pharmaceutique. En 1961, le chirurgien et neurobiologiste français Henri Laborit le synthétise de nouveau au cours de ses études sur le neurotransmetteur GABA. Il est alors utilisé dans les années 1960 comme anesthésique hypnotique. Il est ensuite dérivé en tant que drogue dans les années 2000. Cette drogue de synthèse plus connue sous le nom de « drogue du violeur » aux propriétés sédatives et amnésiantes peut à forte dose avoir l'effet d'un puissant somnifère, tel le soma consommé à forte dose.

  La kétamine, synthétisée pour la première fois par Calvin Stevens en 1962 est utilisée pour les anesthésies brèves dès 1965.

  Les premiers effets ressentis sont généralement un apaisement et une euphorie comme le soma, procurant une sensation de bonheur à faible dose. A forte dose, les effets peuvent prendre la forme d'impressions délirantes ou d'hallucinations, tel le soma qui déclanche des visions lors d'une prise moyenne.

  Nous sommes alors en 1931, date à laquelle il rédige son roman. Aucune de ces drogues n'est alors connue ou reconnue et pourtant les effets du «Soma» sont les mêmes que ceux du GHB et de la Kétamine.

  Il entrevoyait déjà les ravages des régimes totalitaires telle l'expérience soviétique ou du totalitarisme de masse de l'Allemagne (1933-1939), de l'Italie (1922-1945) ou du Japon (1940-1945).

  Aldous décrit une société dans laquelle les enfants sont conçus en laboratoire dans des éprouvettes. Il est également question de clonage.

  Encore une fois, cet auteur avait vue juste car en 1934, Gregory Pincus, chercheur américain, publie la première étude sur la Fécondation In Vitro effectuée sur des lapins. En 1944 après de nombreuses tentatives, Miriam Menkin fut la témoin de la première fécondation ayant eu lieu hors du corps de la femme. En revanche, l'embryons ne fut pas réimplanté dans l'utérus humain. C'est alors en 1978 que nait Louise Brown, le premier bébé éprouvette du monde.

Pour ce qui est du clonage, le terme de "clonage" est utilisé pour la première fois en 1903, désignant à l'origine des plantes reproduites par une reproduction asexuée. Aldous Huxley est le premier à appliquer ce terme à des hommes et non à des plantes et donc à envisager un potentiel clonage humain. Le premier essai de clonage humain à lieu en 1979. L'expérience est un échec, mais elle constitue un nouveau pas vers le clonage reproductif humain. D'autres essais chez l'homme sont testés en 1994, 1999 et 2001 mais le clone ne dépassera jamais le stade de 6 cellules. Mais en Janvier 1998, dix-neuf pays membres du Conseil d'Europe signent le Protocole additionnel à la Convention sur les Droits de l'Homme et la biomédecine, interdisant « toute opération ayant pour but de créer un être humain génétiquement identique à un autre être humain vivant ou mort », et donc le clonage reproductif humain. Aldous Huxley a donc vue juste sur la question du clonage mais aucun être humain n'est à ce jour cloné

Autre point, en 1932, la sexualité était un sujet tabou, tandis que dans Le Meilleur des mondes, on y familiarise les enfants en leur faisant faire des «jeux érotiques». Aujourd'hui, «la libération sexuelle» bat son plein et les partenaires se multiplient, cependant la sexualité enfantine est encore tabou.

Huxley était donc un grand visionnaire. Bon nombre de ses prévisions se sont réalisées.

  En ce qui concerne La route, Cormac MacCarthy nous révèle un monde apocalyptique, réduit en cendre. La cause du cataclysme est inconnu. Il est seulement mentionné que de grands incendies auraient ravagé l'environnement, la faune, la flore ainsi que l'être humain. Nous pouvons supposer qu'une guerre nucléaire est à l'origine de ce désastre.

En effet, tous les éléments évoqués dans le roman renvoient à un hiver nucléaire. *L'hiver nucléaire est un phénomène climatique hypothétique de baisse de température de surface, prédit comme pouvant être le résultat d'une guerre nucléaire massive.

La terre serait alors enveloppée d'un écran de poussières radioactives empêchant l'énergie solaire de parvenir jusqu'à nous pendant une durée assez longue, ce qui ferait probablement disparaître l'espèce humaine de notre planète. Des incendies colossaux enverraient 9 millions de tonnes de suie dans l'atmosphère. En moins de 50 jours, toute la planète serait affectée par des retombées de cendres. C'est exactement l'environnement décrit dans La Route. Des cendres ne cessant de tomber, peu de luminosité, des feux ayant tout ravagé sur leur passage et une température basse. Ce rattachent au nucléaire n'est pas sans rappeler les catastrophes des centrales nucléaires de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011 ainsi que les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945.

Cormac MacCarthy nous dépeint une vision de ce que pourrait être l'apocalypse, la fin de la vie humaine sur terre. Rien de cela n'est arrivé mais ce pourrait être possible. En effet, l'horloge de l'apocalypse, qui symbolise l'imminence d'un cataclysme planétaire, a été avancée de 30 secondes, à 2 minutes et 30 secondes de minuit, ce jeudi 26 Janvier 2017. La célèbre horloge du Bulletin des scientifiques atomiques n'avait plus été aussi près de minuit depuis 63 ans, quand l'URSS a fait exploser sa première bombe à hydrogène en 1953, marquant le début de la course aux armements nucléaires.



B) Un message délivré

 Le but d'Huxley n'est pas de nous convaincre par rapport à son monde mais de nous amener à réfléchir sur le notre. C'est donc une critique de la société, de l'eugénisme, tentation de maîtriser la reproduction humaine (mythe de la race parfaite). Il a ainsi perçu le danger qui inspira le nazisme. Il se focalise sur le déterminisme social qu'on retrouve par exemple dans le darwinisme (le grand-père d'Huxley était un ami proche de Darwin mais s'opposait avec ferveur à ses idées) représenté par les différentes castes qui composent la société du Meilleur des mondes. La critique de la structure de sa société imaginaire lui permet de dénoncer le communisme avec les prénoms de Lenina (Lénine) et Bernard Marx (Karl Marx). Il dénonce également le fordisme et le consumérisme (production et consommation de masse) par la création à la chaine des nouveaux nés. Aldous Huxley nous fait part de ses craientes par rapport aux avancées scientifiques à travers l'utopie, vue d'un point vue interne, présentée dans son oeuvre. Il en parle également dans son interview en bas de la page. Le Meilleur des mondes est donc un avertissement pour la société d'aujourd'hui car Aldous Huxley nous montre que le progrès scientifique n'est pas qu'une révolution bénéfique, comme beaucoup de monde le pense, mais peut devenir un moyen de contrôler entièrement la société par manipulations de tous ordres, au profit d'une «élite». A force de trop se développer, la technologie finira par favoriser les dictatures et déshumaniser les hommes. Dans une période de pleine mondialisation, il va falloir faire attention que la culture, l'esprit critique et la mémoire persistent. A travers son roman, Huxley nous montre la réalité sur le progrès et nous fait réagir. Veut-on finir comme dans le roman ? Le bonheur «obligatoire» par le loisir, la drogue et le conditionnement n'est-il pas le pire des malheurs ?

En ce qui concerne la route, Cormac MacCarthy nous invite à réfléchir aux éternelles questions sur notre monde telles la condition humaine, l'existence d'un dieu, sur le problème du mal à travers les personnages cannibales dans le roman qu'il décrit comme les méchantes personnes à son fils, et la fragilité de la civilisation. Il nous invite à réfléchir sur une potentielle fin du monde.

Pour finir, ces deux auteurs évoquent la quête du bonheur tout comme le philosophe Pascal qui écrit dans ses essais, Les Pensées, en 1670 : «Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux, accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes. Jusqu'à ceux qui vont se pendre.». La société dans Le Meilleur des mondes tente d'acquérir le bonheur. Il a une citation du livre qui dit : "Et c'est là qu'est le secret du bonheur et de la vertu, aimer ce qu'on est obligé de faire. Tel est le but de tout conditionnement : faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper." L'asservissement des personnages du livre serait donc la clé du bonheur. Tout est mis en place afin que chaque personne soit heureuse dans sa caste, dans sa vie.

Pour La Route, les deux protagonistes tente d'atteindre le sud, afin d'y trouver de meilleures conditions de vie et donc une forme de bonheur.

Ils tentent également de nous mettre en garde face au futur, au danger que représente la société et les avancées scientifiques qui peuvent petit-à-petit nous conduire à la destruction du monde ou à un asservissement total de la population.

Dans cette vidéo, Aldous Huxley nous fait part de ses craintes concernant les progrès scientifiques, du potentiel avenir à l'image de son roman.


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